Comment et pourquoi transformer nos mégots de cigarettes

La cigarette est un véritable fléau pour ses consommateurs mais également pour l'ensemble de l'environnement. Si sa consommation induit des maladies graves et des cancers, le rejet de ses mégots dans la nature entraîne une forte pollution des sols et des eaux.

À chaque seconde écoulée, ça n'est pas moins de 137 000 mégots qui sont jetés dans le monde. Dans le lot, une bonne partie finit dans la nature, jonche les sols de nos villes ou flotte dans nos cours d'eau.

Dans l'hexagone 3 cigarettes sur 4 ne terminent pas leur course dans un cendrier ou une poubelle. Ainsi, chaque année, les sols français supportent le poids de 25 000 tonnes de mégots. Rien que pour la ville de Paris c'est 350 tonnes de mégots qui sont ramassés chaque année.

Le mégot est le premier pollueur de nos océans puisqu'un seul d'entre eux peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau !

Fort heureusement pour notre planète, il existe de nombreuses solutions pour nettoyer ces mégots et les valoriser pour leur donner une nouvelle vie utile dans notre quotidien.

De déchet des rues à mobilier urbain

C'est à Bourg-Blanc dans le Finistère que naît en 2017 MéGo!, une start-up spécialisée dans la collecte et la transformation des mégots de cigarettes.

Le principe de MéGo! est d'installer des collecteurs dans les villes et les entreprises de la région pour ensuite récupérer leur contenu et les ôter de toute substance nocive grâce à un brevet déposé l'année de sa naissance. Une fois la collecte effectuée, les mégots (composés d'acétate de cellulose) sont ensuite triés : le filtre est séparé des cendres du tabac et du papier ; puis transformés en plaques qui serviront à fabriquer du mobilier urbain (bancs, chaises, tabourets, cendriers, etc.).

Le procédé qui permet à l'entreprise la dépollution de ces déchets agit en circuit fermé et n'utilise aucun produit chimique.

Du combustible pour créer de l'énergie

Et si votre mégot pouvait servir à produire de l'énergie ? C'est l'idée défendue par la société Cy-Clope, créée en 2015, qui depuis a fait du chemin et revalorisé plusieurs centaines de millions de mégots.

Tout comme MéGo, la start-up installe des cendriers collecteurs dans les collectivités et entreprises puis les achemine jusqu'au centre de valorisation Chimirec le plus proche. Chimirec, partenaire de l'entreprise, se charge ensuite de mélanger ces déchets à d'autres substances dangereuses telles que des huiles de moteurs, des peintures afin de les transformer en une poudre qui servira de combustible pour créer de l'énergie.

Les machines qui transforment ces déchets en poudre sont équipées de filtres qui leur permettent de ne rejeter aucun de ces produits chimiques lors de la fabrication, et qui, une fois usagés seront à leur tour revalorisés.

Cette technique, à défaut d'ôter tout produit nocif des déchets, permet d'économiser l'utilisation de matières premières et d'énergies fossiles et ainsi de réduire notre impact environnemental.

Une doudoune qui peut faire un tabac

Avez-vous déjà remarqué à quel point un filtre de cigarette ressemble à s'y méprendre à un textile isolant ?

Et bien c'est aussi le constat qu'à fait Julien Paque, un jeune entrepreneur Français et créateur de l'entreprise TchaoMegot. En travaillant sur le sujet, Julien et ses équipes ont mis au point une machine capable de dépolluer en cycle fermé et de manière continue le filtre. Ce procédé n'utilise ni eau, ni solvant nocif et permet d'enlever toutes les odeurs et les substances toxiques contenues dans ce dernier.

Le filtre dépourvu de tout élément indésirable est ensuite transformé en une matière textile isolante, pouvant être utilisée dans le bâtiment ou encore dans la confection de doudounes.

Le reste de la cigarette est, lui, entièrement compostable ; ainsi à la fin du processus 100% du mégot est revalorisé.

Des briques qui ont de l'avenir

C'est en faisant le même constat sur les capacités d'isolation de la matière filtrante que des chercheurs Australiens ont proposé une nouvelle solution pour recycler les mégots : les intégrer lors de la conception de briques.

Pendant la cuisson des briques, celles-ci sont chauffées à quelques 1000°C de quoi, selon eux, éliminer l'entièreté des produits néfastes. Cette technique apporterait ainsi plusieurs bénéfices : améliorer le pouvoir d'isolation des briques, réduire leur poids et la quantité d'énergie nécessaire pour les produire.

Selon les chercheurs de la RMIT University, il suffirait d'incorporer 1% de mégots dans 2,5% de la production annuelle mondiale de briques pour éradiquer les problèmes de pollution liés aux mégots de cigarettes.

La solution réside dans notre volonté

Avec ces explications et autant de solutions pour transformer les mégots, nous n'avons plus aucune excuse. Afin de lutter contre cette pollution le premier geste à adopter pour les fumeurs est d'arrêter de jeter ses mégots par terre. De nombreuses entreprises proposent des solutions afin de traiter ces tonnes de déchets et leurs innovations seront inutiles si nous ne réalisons pas ce premier geste simple et accessible. Les cendriers se remplissent et les océans vous remercient.

Si le thème de la revalorisation des déchets vous intéresse, allez lire notre article sur les marques Françaises de baskets éco-responsables. La France a l'art de donner une seconde vie à ce que nous rejetons.